Partager

Un peu d'histoire

bannierelaparcuneaventurehumaine.jpg

 

Le Parc national de la Vanoise est né de la convergence de trois motivations : la protection du patrimoine naturel, la préservation de la haute montagne et la sauvegarde de la culture paysanne et montagnarde. Depuis, le Parc n’a cessé d’agir, d’évoluer et de s’adapter.

Raconter le Parc, c’est comme égrener une série d’histoires le soir à la veillée, celles de femmes et d’hommes passionnés qui se sont mobilisés et qui ont œuvré, sans relâche, pour que le Parc soit ce qu’il est aujourd’hui.

Vers la création…

C’est dans les années 1920, alors que se crée en Italie le Parco Nazionale Grand Paradiso, que l’on commence à s’émouvoir de la raréfaction du bouquetin. Dès lors, vont se succéder des personnalités diverses qui, déterminées, vont porter ce projet sur les fonts baptismaux.

Parmi eux, bien sûr, le Dr Couturier, qui mobilise autour de lui les chasseurs et qui conçoit un premier projet de « parc » ou de « réserve ». Les alpinistes aussi — particulièrement la section maurienne du CAF — s’inquiètent de la disparition du chamois dans les Alpes françaises et se mobilisent peu à peu.

Il faut attendre l’après-guerre pour entendre parler d’un « parc national de Savoie » et Gilbert André est le premier à élaborer un projet global pour sauver les espèces mais aussi la montagne et les hommes qui y vivent. Émerge alors l’idée d’un « parc national culturel » dont l’objet serait de lutter contre l’exode rural sous peine de voir les pratiques agropastorales traditionnelles disparaître au même rythme que le bouquetin… Le message est clair : en plus de la protection de cette nature exceptionnelle, il faut aider les montagnards à rester au pays.

Lorsque le ministère demande une enquête préliminaire, c’est Denys Pradelle, architecte urbaniste de Courchevel, qui est missionné et qui s’empare du sujet pour le mener jusqu’à la création. Il œuvrera de nombreuses années. 1960, enfin, le Ministère confie à la Direction générale des Eaux et Forêts la préparation du projet de loi. Les élus savoyards soutiennent le projet et en 1962, toutes les collectivités émettent un avis favorable. Elles sont suivies par la Chambre d’agriculture, la Chambre de commerce et d’industrie, le Conseil général.

L’époque des pionniers : l’aménagement de la montagne

6 juillet 1963 : enfin, le Parc national de la Vanoise est créé et inauguré… et tout est à inventer !

Joseph Fontanet est le premier président du Parc et Maurice Bardel en sera le premier directeur. Avec lui, les montagnards s’approprient l’outil et prennent les choses en main. La première équipe est sur pied en 1964 et, pour chacun des 36 gardes-moniteurs embauchés (il faudra attendre 1981 pour que deux gardes-monitrices intègrent l’équipe), c’est le début d’une grande aventure, voire d’un sacerdoce. Rendre le Parc visible, restaurer les refuges, améliorer les accès : du matin au soir et sur tous les fronts, les agents sillonnent le territoire, le balisent, l’aménagent...

La protection et la connaissance scientifique, ambitions premières du nouveau Parc

Parallèlement, on commence à organiser la protection de la faune et de la flore. Il s’agit bien sûr de protéger le bouquetin, animal fétiche, mais aussi les grands rapaces et les galliformes. On attendra quelques années avant de s’intéresser véritablement à la flore. Un premier état des lieux est réalisé. D’une logique de protection, on évolue rapidement vers la connaissance. Un conseil scientifique est mis en place en 1964 et le premier tome des travaux scientifiques paraît en 1970.

L’amélioration de la connaissance permet d’affiner les actions de gestion mises en place avec les partenaires et bien sûr, d’informer les acteurs locaux, les habitants, les visiteurs et l’ensemble de la communauté scientifique.

Une mise à l’épreuve : l’affaire de la Vanoise

Très vite, les grandes questions et divergences apparaissent : comment concilier les différents objectifs, parfois contradictoires ?

Quelles activités autoriser dans le parc ? Et bien sûr, quelle place pour l’activité Neige qui connaît un développement fulgurant ?

C’est alors qu’éclate, en 1969, « l’affaire de la Vanoise » : de nombreuses personnalités, des associations de protection de la nature, les habitants se mobilisent pour défendre l’intégrité du Parc lorsque la station de sports d’hiver de Val Thorens veut s’étendre sur le glacier de Chavière et le vallon de Polset. Cette affaire de la Vanoise, avec une mobilisation sans précédent, a cristallisé certaines oppositions mais elle a eu le mérite de positionner et d’affirmer la vocation du Parc. Beaucoup y ont vu une première manifestation de l’écologie politique, alors naissante.

 

Le développement du tourisme dans les vallées

Bien au-delà de ce qui avait été prévu, la création du parc fait exploser la fréquentation : on attendait 5 000 visiteurs, on en a 500 000 !

Les gardes sont sollicités de plus en plus pour expliquer, orienter, conseiller…

C’est ainsi que naît l’idée du premier programme de visites guidées en 1970. L’accueil des visiteurs devient rapidement une mission essentielle et le Parc développe les refuges (c’est une de ses spécificités), les activités, l’information, la sensibilisation, en direction de visiteurs de plus en plus nombreux. En 2006, un programme de randonnées découverte adaptées aux déficiences motrices et visuelles est mis en place.

Les années 2000 : une nouvelle gouvernance

La loi de 2006 rebat les cartes de la gouvernance et de l’organisation des parcs nationaux avec la définition d’espaces différenciés (cœur et aire d’adhésion) et l’élaboration d’une charte associant les acteurs locaux dans un projet partenarial autour du Parc. Un travail s’engage localement.

En 2015, le projet de charte crée des remous : 26 des 29 communes de l’aire optimale d’adhésion émettent un avis défavorable et des mécontentements s’expriment.

Un audit-médiation, initié par le conseil départemental de la Savoie en 2016, permet alors de mettre à plat les attentes du territoire vis-à-vis du Parc et d’engager 17 chantiers en concertation étroite avec les acteurs locaux.

Cette dynamique participative nommée Bien vivre ensemble en Vanoise a permis de renouer et de réinscrire pleinement le Parc dans le territoire. La démarche se poursuit actuellement avec un acte II « Envie de Vanoise ». Une consultation citoyenne menée en 2022 a suscité une vaste mobilisation pour co-construire une nouvelle feuille de route du territoire et du Parc.