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Les couples de gypaètes barbus en Vanoise

Eradiqué des Alpes par l'homme au début du 20ème siècle après avoir été accusé à tort d'attaquer troupeaux et enfants, le gypaète, autrefois appelé "phène des Alpes" est l'objet d'opérations de réintroduction sur l'arc alpin depuis 1986. Quatre couples sont actuellement présents sur le territoire du Parc national de la Vanoise.

Les premières observations de gypaètes en Vanoise ont été effectuées par les gardes-moniteurs dès 1989.

C'est en 2002 qu'ont eu lieu les deux premières reproductions réussies en Savoie depuis le début du 19ème siècle, l'une à Val d'Isère et l'autre à Termignon. En 2004, un troisième couple, installé à Peisey-Nancroix donnera également naissance à son premier gypaèton.

En 2011, un quatrième couple s'installe entre Bessans et Bonneval-sur-Arc sur la falaise d'Andagne. Il y a donc aujourd'hui 4 couples présents sur la Vanoise. De 2002 à 2016, ce sont ainsi 30 gypaètes nés en Vanoise qui ont rejoint les cieux de l'arc alpin.

 

Les gypaètes de Val d'Isère

Dès 1990, des observations régulières de plusieurs gypaètes sont réalisées à Tignes/Val d'Isère. Deux anciennes aires d'aigles sont rechargées entre 1990 et 1997. Marie-Antoinette est identifiée grâce à l'observation de sa bague rouge en 1995. En juillet 1997, Républic meurt à l'âge de 6 ans des suites d'une collision avec une ligne électrique au col de Fresse (Val d'Isère).

En 1998, trois individus fréquentent désormais Tignes/Val d'Isère toute l'année et rechargent une aire. De 1999 à 2001, des couvaisons par le trio sont observées mais la reproduction s'arrête à ce stade.

En juin 2001, des plumes sont collectées à l'aire. Les analyses ADN permettent de confirmer la présence d'un mâle (Républic 3), d'une femelle (Marie-Antoinette) et d'une autre femelle non identifiée.

En 2002, l'envol de Freeride est observé le 4 juillet 2002 à 14h15. Sa dernière observation à Tignes a lieu le 4 octobre. C'est la première reproduction en nature réussie en Savoie ! Au total, 9 gypaètes ont pris leur envol à Val d'Isère.

 

Les gypaètes de Termignon

Contrairement à Val d'Isère où les gypaètes ont fait plusieurs tentatives infructueuses avant de se reproduire, un couple a fait son apparition à Termignon au mois d'août 2001 et a construit son nid à l'automne. Ce couple s'est reproduit avec succès avec un envol du premier gypaèton en juillet 2002. À ce jour, ce sont donc 11 jeunes qui se sont envolés et ont quitté Termignon. Les 4 échecs de 2003, 2009, 2011 et 2012 confortent bien la nécessité pour le Parc de poursuivre son action de communication envers ses partenaires et les habitants de la vallée afin de protéger les lieux de tout dérangement excessif. Bien installé au cœur du Parc national, le couple a construit à ce jour quatre aires qu'il occupe en alternance.

Des analyses génétiques effectuées sur des plumes retrouvées dans le site de reproduction ont permis d'identifier les oiseaux du couple. Avec une surprise, la précocité du couple :

  • La femelle, Gélas, relâchée dans le Mercantour en 1997 et observée l'année suivante dans une île des Pays-Bas, s'est reproduite à l'âge de quatre ans et huit mois.
  • Le mâle, Stelvio, est le premier oiseau né en liberté dans le Parc national italien en avril 1998 ; il s'est donc reproduit à l'âge de trois ans et huit mois.

Les gypaètes de Peisey-Nancroix

Bien que la vallée de Peisey Nancroix soit survolée par des oiseaux depuis de nombreuses années, ce n'est qu'en automne 2003 que des gypaètes adultes s'installent, affichent des comportements territoriaux et construisent une aire. Une ponte y aura lieu au début de l'année 2004 mais l'incubation n'arrivera pas à son terme. Toutefois, après cet échec, les oiseaux construisent une seconde aire. Elle sera utilisée en 2005 et le couple de gypaètes barbus de Peisey Nancroix donnera naissance à son premier gypaèton à la fin du mois de mars. Depuis, 9 jeunes se sont envolés sur ce site.

Les individus du couple ont changé à plusieurs reprises et n'ont pas toujours été identifiés. Cependant, le mâle reproducteur de 2010 et 2011 était Phénix Alp Action. Il est le premier gypaète né en nature à la suite du programme de réintroduction. Il a vu le jour en Haute-Savoie en 1997 et a été identifié génétiquement grâce à une plume récupérée dans la vallée de Peisey Nancroix par les gardes moniteurs du Secteur de Bourg Saint Maurice.

Les gypaètes de Bessans

En 2009 - 2010, deux adultes sont contactés régulièrement sur l'extrémité amont de la vallée de la Maurienne. Ils rechargent en 2011 une ancienne aire d'aigle située dans la falaise d'Andagne, en rive gauche de l'Arc, entre les villages de Bessans et Bonneval-sur-Arc. Le couple commence à couver mais malheureusement cette tentative de reproduction échoue rapidement, l'aire étant régulièrement délaissée pendant de longues périodes. À posteriori, des analyses génétiques de plumes récoltées sous l'aire ont permis l'identification de deux femelles, laissant planer l'hypothèse d'une reproduction atypique ! Les observations de 2012 montrent que la composition du couple a changé. Il est probable que l'un des 2 adultes ait quitté le secteur, remplacé par un adulte imparfait. Il s'agirait donc d'une année de transition pour ce couple.

Il faudra attendre 2014 pour qu'un premier descendant, Éclair, de ce quatrième couple reproducteur de Vanoise prenne son envol. À ce jour, aucune autre reproduction n'a pu être menée à terme sur ce site particulièrement exposé au dérangement. Le Parc national a entamé dès 2012 une action de communication envers ses partenaires et tous les utilisateurs de la montagne (Accompagnateurs en montagne, ESF, clubs de vol libre, compagnies d'hélicoptères, secours en montagne, etc), afin de les informer et de protéger les lieux de tout dérangement excessif.