Parc national de la Vanoise
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L’accompagnement des éleveurs confrontés à la prédation en cœur de Parc

Restauration du bâti d'alpage : Panneau d'information "alpage attitude" avec en arrière-plan le chalet d'alpage du Barbier
La réalisation des constats de dommages

Chaque année, une dizaine d’éleveurs en moyenne sont concernés par des constats de dommages sur les troupeaux domestiques en cœur de Parc. En 2018, 79 constats ont donné lieu à une indemnisation au titre du Loup en cœur de Parc (contre 18 à 39 sur la période 2010-2017), soit 18% des constats indemnisés dans le département de la Savoie.

Dans la zone cœur, les constats de prédation sont réalisés par les agents du Parc à la demande de l’État. Dans le reste du département, cette mission est assurée par l'ONCFS. Le constat consiste à relever des indices techniques selon une fiche standardisée. L'instruction des constats revient à la DDT ; les agents constateurs ne se prononcent pas sur la responsabilité ou non du loup dans le dommage.

 

L’aide à l’approvisionnement des chalets d’alpages en début de saison

Chaque année à la demande d'éleveurs, le Parc réalise et prend en charge financièrement des héliportages de matériel agricole (filets, batteries, sel, croquettes pour les chiens de protection...) et de fournitures pour les bergers en début de saison d’estive.

 
Des actions visant à faciliter le logement des bergers en alpages

L'absence de logement de bergers en alpage constitue l'un des principaux freins à la mise en place d'un gardiennage efficace des troupeaux, indispensable tant pour une bonne gestion de l'alpage, que pour la protection contre la prédation. Il s'agit du principal levier sur lequel le Parc a souhaité s’investir pour accompagner les éleveurs confrontés à la prédation. 

Un plan d’action a trois niveaux à été adopté par le conseil d’administration de février 2017 :

1- Accompagner les communes dans la restauration de bâtiments d'alpage

La Vanoise se distingue par la présence d'anciens bâtiments d'alpage qui, moyennant des travaux de restauration, peuvent lorsqu'ils sont bien positionnés, apporter une réponse à la question du logement des bergers. Sur sollicitation des communes, propriétaires de bâtiments en alpage, le Parc peut apporter un appui technique, voire financier, pour faciliter la restauration de chalets destinés à l’accueil de bergers. Les projets doivent répondre à un réel besoin agricole et offrir des garanties quant au maintien de cet usage dans le temps. Des projets ont ainsi été soutenus dans le passé (chalet du Barbier à Villarodin-Bourget, alimentation en eau du chalet de Sévolière à Peisey-Nancroix, etc.). D’autres projets de restauration sont actuellement à l’étude et verront le jour prochainement, notamment le chalet de l’alpage de Chapendu à Pralognan-la-Vanoise dont la restauration est prévue au début de l'été 2019.

2 – Une solution temporaire : la mise à disposition d’abris d'urgence

Le Parc national de la Vanoise dispose d'abris d’urgence (10 seront disponibles pour la saison d'estive 2019), destinés à être mis à disposition des éleveurs confrontés à la prédation. D'un confort sommaire, ces abris n'ont pas la prétention de se substituer à de véritables chalets d'alpage mais l'expérience montre qu'ils peuvent apporter une aide aux éleveurs pour renforcer ponctuellement la présence humaine à proximité des troupeaux.

Ces abris sont mis à disposition des éleveurs, moyennant une participation de 300€ aux frais d’héliportage, estimés à 1 700€.

3- Expérimenter : participer à la création d'un nouveau modèle de cabane légère et réversible

Depuis 2017, le Parc de la Vanoise est engagé dans un travail de conception-réalisation d’un nouveau modèle de cabane pastorale qui, tout en restant réversible et facile à installer, permette de loger un berger durant toute une saison dans des conditions de confort satisfaisantes (sanitaires, douche avec eau chaude, chauffage, réfrigérateur...). Un prototype, conçu et réalisé en partenariat avec l’école d’architecture de Lyon et l'INSAVALOR, a été installé en juillet 2018 sur l'alpage du Pelvoz (Val-Cenis Termignon), à plus de 2500 m d'altitude. Comme l’animal qui lui a donné son nom, le "TATOU" est constitué de cinq modules emboîtés, revêtus d’une carapace-écorce dont la teinte brun gris se fond avec les tons naturels des paysages de haute montagne. Le TATOU est également équipé d’un dispositif de collecte des eaux de pluies et a été pensé pour être entièrement autonome en électricité.

Le retour d’expériences de la première saison d’estive et le bilan à la sortie de l'hiver seront mis à profit pour revoir les plans de conception en vue de les mettre à disposition, à l’horizon 2020, auprès des communes et gestionnaires d’alpages qui en feraient la demande.

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La mise à disposition de dispositifs d’effarouchement

Dans le cœur des parcs nationaux et les réserves naturelles, les tirs d’effarouchement et les tirs létaux sont réglementairement interdits (arrêté ministériel du 19 février 2018 fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup).

Du matériel d’effarouchement peut être mis à disposition des éleveurs qui en font la demande. Deux types d’équipements peuvent être proposés :

  • les Turbo fladry : fils électriques équipés des bandelettes de tissu verticales qui bougent sous l’effet du vent. Ce dispositif doit être installé autour du parc de nuit et créer ainsi une première enceinte que le loup hésite à franchir
  • les foxlights©, qui émettent un signal lumineux de façon aléatoire pour simuler une présence humaine à proximité du troupeau. Il convient de positionner plusieurs foxlights autour du parc de nuit.

Le loup a une grande capacité d’adaptation et s’habitue rapidement aux changements de son environnement. Ces équipements ne constituent donc pas un moyen de protection à eux seuls. Ils fonctionnent sur l’effet de surprise (néophobie : les loups se méfient de ce qui est nouveau) et peuvent temporairement renforcer l’effet de dissuasion des mesures de protection des troupeaux mises en œuvre par ailleurs (gardiennage, parcs électrifiés, chiens de protection). Il s’agit donc d’un dispositif complémentaire aux mesures de protection, qui vise à perturber ponctuellement les habitudes du prédateur. Ces équipements peuvent ainsi présenter un intérêt dans le cas d’attaques récurrentes sur un site en particulier.