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Suivez au jour le jour les déplacements du gypaèton de Peisey-Nancroix

Faune
Le Parc national de la Vanoise (PNV) a posé avec succès le 27 mai 2019 une balise GPS sur Altitude, le gypaèton né en nature dans l’aire du couple de Peisey-Nancroix.
Le contexte

Le gypaète barbu, espèce rare et menacée fait l’objet depuis 1986 d’un programme de réintroduction dans les Alpes. Il a fallu attendre 1997 pour voir la première reproduction réussie en nature.

Tous les oiseaux relâchés sont marqués à l’aide de différentes méthodes (bagues et décoloration des ailes) afin de permettre une reconnaissance individuelle.

1998 : une empreinte génétique de chaque oiseau relâché est réalisée.

2004 : certains oiseaux sont équipés de balise GPS.

2010 : tous les oiseaux relâchés sont équipés de balises GPS

2017 : 204 poussins nés dans les alpes à l’état sauvage. Très peu sont génotypés[1] du fait d’une méconnaissance des aires et/ou d’une accessibilité difficile voire impossible.

Le nombre d’individus naissant en nature est de plus en plus important et dépasse depuis 2006 le nombre d’oiseaux relâchés. Il devient difficile de suivre les oiseaux nés en nature et plus généralement le succès de la réintroduction sans données plus importantes sur cette dernière catégorie d’oiseaux.

Depuis 2010 un Plan National d’Action (PNA) en faveur du gypaète Barbu est piloté par la DREAL Nouvelle Aquitaine. Asters est le maître-d ’œuvre de ce programme pour les Alpes. Il pilote depuis 2013 un programme de baguage (prélèvement génétique et équipement GPS) sur des gypaètons nés en nature issu des couples de Haute Savoie. Ce programme et les techniques mises en œuvre sont validés par l’IBM (International Bearded vulture Monitoring) sur tout l’Arc Alpin qui regroupent tous les organismes en charge du suivi de l’espèce sur les Alpes. Par ailleurs ce programme est soutenu par la VCF (Vulture Conservation Foundation).

Dans le cadre du PNA, le ministère en charge de l’écologie sollicite le PNV pour mener ces actions scientifiques de marquage avec l’appui technique d’Asters.

Le conseil scientifique du PNV a conforté à deux reprises (2016 et 2018) la volonté du Parc de mettre en œuvre ces différents moyens de marquage afin de mieux connaître le gypaète barbu et de sensibiliser le grand public à cette espèce patrimoniale.

 

Objectifs

Au niveau français et dans le cadre du PNA les objectifs sont :

  • D’améliorer les connaissances (suivre et surveiller les populations, mieux comprendre l’écologie de l’espèce)
  • Favoriser l’acceptation locale (diffusion des données GPS et vulgarisation des suivis)
  • Coordonner les actions de conservations et favoriser la coopération pour la protection de l’espèce

Identifier et suivre les individus nés en nature permet également d’évaluer l'état de santé de la population alpine et permettre une gestion adaptative du programme de conservation du gypaète barbu par la mise en œuvre rapide de mesures efficaces.

 

Moyens et intérêts

Les suivis satellitaires (Via balise GPS) viennent renforcer la qualité et la fréquence des données et complètent ainsi les données générées par les suivis génétiques et le baguage des poussins au nid. Les données ainsi récoltées par ces nouvelles technologies sont les suivantes :

  • Comportement de vol
  • Paramètres démographiques (survie, âge de première reproduction, taux de croissance de la population, etc.). Le taux de survie et le succès de reproduction sont les deux paramètres démographiques qui permettent d’évaluer l’état de santé de la population de Gypaètes barbus. Le succès de reproduction est appréhendé par l’intermédiaire des suivis annuels de la reproduction réalisés par les équipes d’agent patrimoniaux du ¨Parc national de la Vanoise. En revanche le taux de survie est quant à lui très difficilement calculable car la probabilité de découvrir des cadavres est très faible sauf pour les oiseaux équipés de balise GPS. C’est grâce à l’analyse des données collectées et via l’équipement satellitaire des poussins nés en nature qu’il est possible d’évaluer la survie de la population.
  • Dispersion spatiale / localisation des aires de reproduction
  • Enregistrement des mortalités / identification des causes de mortalité / intervention en cas de blessure
  • Communication grand public. Les déplacements du poussin équipé en mai 2019 en Vanoise sont consultables sur le site de la VCF :

https://www.4vultures.org/our-work/monitoring/bearded-vulture-online-maps/

Ce site, accessible à tous, présente des cartes de suivi au jour le jour des différents gypaètes équipés. Par ailleurs il propose de nombreux onglets sur l’actualité des vautours, les projets Life en cours, les missions de cette ONG sur la conservation des vautours.

Au moment de l’équipement du poussin :

  • Collecte d’une source fiable d’ADN (prélèvement d’une plume en croissance, pas de prise de sang nécessaire) pour des études démographiques et autres structuration génétique de la population.
  • Possibilité de prélever d’autres échantillons biologiques pour étudier la charge parasitaire, la contamination par un poison, métaux lourds ou autres polluants environnementaux.

Pour les 6 couples reproducteurs de Vanoise, ayant produits 30 jeunes à l’envol depuis 2002, les intérêts sont multiples :

  • Amélioration des connaissances sur l ‘espèce telles qu’une meilleure compréhension des zones d’alimentation, des zones à enjeu liées à des risques de collision en particulier dans le réseau d’infrastructures linéaire de transport d’énergie et de remontée mécaniques
  • Les jeunes nés en Vanoise feront-ils partis des futurs couples reproducteurs de ce territoire ?

 

Le marquage d’Altitude, le poussin du couple de Peisey avec une balise GPS est une première en Vanoise. Il est équipé au nid à l’âge de 70 à 90 jours (période où le poussin ne prendra pas le risque de sauter de l’aire et d’autre part où les parents n’abandonneront pas le poussin).

Ce succès de marquage n’aurait pas été possible sans l’aide d’Asters pour la partie technique, de VCF pour les parties techniques et financières (achat de balises 3000€), et des cordistes et agents du Parc national de la Vanoise. Qu’ils en soient vivement remerciés ici.

[1] C’est à dire « connus » d’un point de vue génétique : ascendance et descendance

 

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