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Les spectaculaires glaciers rocheux du massif de la Vanoise

Milieu naturel
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Vue sur un glacier rocheux au pied de l'Aiguille des Corneillets
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À l'aval, Glacier de Pramort ; en amont, Glacier de Prémou en amont. À droite; en arrière plan, la Grande Casse (Champagny en Vanoise)
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Au Col du Grand Infernet : glacier rocheux et nunatak visible entre deux branches (Les Allues)
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Glacier rocheux de la courbe Nord de la Pointe du Grand Vallon (Termignon)
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Vue sur le front du Glacier rocheux de Pramort et la source du Doron de Champagny
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Glacier rocheux sous le Col des Reys (Bonneval-sur-Arc)
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Éboulis et Glacier rocheux de Pierre Minieu au N de la Pointe Saint Michel (Avrieux)
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Le Plan Séry et le glacier rocheux du versant N de la Pointe de la Vallaisonnay. Au fond, la Grande Motte (Champagny-en-Vanoise)
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Glacier rocheux des Fours et ses formes cryo-karstiques.
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Glacier rocheux de Lanserlia (Termignon)
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Glacier rocheux de Lanserlia (Termignon)
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Glacier rocheux au Plan du Pêtre et environs (Saint Bon Tarentaise et Les Allues)
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Au 1er plan au c., Glacier rocheux de Pramort et à dr. Rosolin et Pointe de Rosolin. Au fd. de g. à dr., Glaciers de la Grande Motte, Grande Motte, Col de Prémou, Glacier de Prémou, Grande Casse (Champagny en Vanoise)
L’inventaire des glaciers rocheux des Alpes françaises, conduit par les services de Restauration des Terrains de Montagne touche à sa fin et sera bientôt rendu public. Il aura démontré l’importance de ces « glaciers » très particuliers et peu connus au cœur du massif de la Vanoise.

 

Les glaciers rocheux, éléments caractéristiques du domaine périglaciaire, sont constitués d’importantes masses de débris rocheux et de glace se déplaçant le long des versants sous l’effet de la gravité. On ne peut manquer de les remarquer dans le paysage : ils ressemblent à des éboulis mais, en les regardant plus attentivement, on y observe la présence de rides et de sillons arqués perpendiculaires à la direction d’écoulement. Leur front est raide en partie terminale aval, et leur racine en partie amont souvent difficile à circonscrire.

Beaucoup moins connus que les emblématiques glaciers, les processus de leur formation ainsi que l’origine de la glace qu’ils renferment font encore débat chez les spécialistes. Ils s’accordent cependant sur le fait que l’éboulis à l’origine du glacier rocheux doit pouvoir être envahi par de la glace, issue de neige ou bien d’eau qui a gelé dans les interstices des débris rocheux.

On peut distinguer 2 types principaux de glaciers rocheux au regard de critères liés à leur morphologie et leur dynamique:

  • les glaciers rocheux actifs sont dépourvus de végétation, ont des formes bombées et vives ainsi qu’une pente très raide à l’aval dépassant la pente d’équilibre des matériaux. Le glacier rocheux de la Sachette, situé au pied des Rochers Rouges (3003 m) et de la Grande Tourne (2874 m) dans la Réserve naturelle de Tignes-Champagny présente toutes ces caractéristiques. Sa partie sommitale s’élève aux alentours de 2620 mètres et son front, 2500 mètres à l'aval, est constitué par un mur quasiment infranchissable de plus de 40 mètres.
  • les glaciers rocheux dégradés, inactifs ou fossiles, envahis par la végétation et montrant des formes affaissées. Bien visible depuis le sentier GR®5 et dominant le refuge-porte du Plan du Lac, le glacier rocheux de Lanserlia s’étend au pied des crêtes du même nom. Sur plus de 500 mètres de largeur et un kilomètre de longueur, ce glacier rocheux est en grande partie dégradé et envahi par la végétation mais il conserve une forme caractéristique.

Un œil exercé peut parfois distinguer, sur les glaciers rocheux, des formes très originales. Ainsi, sur le glacier rocheux des Fours, quelques centaines de mètres au-dessus du refuge du Fond des Fours, d’étranges petites mares parsèment le paysage. Elles occupent des entonnoirs comparables à ceux qui se forment dans le karst par dissolution du calcaire mais résultent ici de  la fusion d’une lentille de glace en profondeur. On parle alors de formes cryo-karstiques.

 


Le massif de la Vanoise abrite les glaciers rocheux les plus élevés des Alpes françaises. 47 % sont des glaciers rocheux actifs, le reste étant représenté par les glaciers rocheux dégradés. Les glaciers rocheux actifs peuvent présenter des vitesses de déplacement importantes. Thomas Echelard, géomorphologue, dans la thèse qu’il a soutenue en 2014, a évalué cette vitesse pour le glacier rocheux de Pierre Brune, dominant le vallon de la Leisse, à près de 3m/an.

Comment les glaciers rocheux réagissent au changement climatique ? C'est aujourd’hui une question posée par les scientifiques. Jusqu’il y a peu, ces derniers étaient partis de l’idée qu’une modification des conditions climatiques produisait son effet de manière décalée, car l’épaisse couche de blocs qui couvre le glacier rocheux protège la glace de la fonte et agit comme tampon. Mais les données récentes montrent que le phénomène est beaucoup plus complexe et encore mal compris... beaucoup de suivis et de travaux de recherche restent à conduire pour appréhender le devenir des glaciers rocheux et les risques liés à leur déstabilisation.