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Des prélèvements génétiques pour mieux connaître les gypaètes barbus

Faune
Le gypaète barbu, l'un des vautours les plus rares en Europe, fait l'objet d'un programme européen de réintroduction depuis 1986 dans les Alpes. De nombreuses actions de suivi sont également menées pour mieux connaître et protéger cette espèce menacée. La connaissance des oiseaux, nés en captivité et réintroduits ou nés dans la nature, passe notamment par leur identification.

 

L'identification des oiseaux permet de savoir d'où ils viennent, où ils vont et de mieux comprendre leur mode de vie. La récolte de plumes, au pied des aires fréquentées par le gypaète barbu ou dans la nature, est un des moyens essentiels pour obtenir ces informations.

Les plumes constituent en effet un matériel génétique qui va permettre d'établir le génotype de l'oiseau. Les plumes récoltées sur l'arc alpin, notamment par les gestionnaires d'espaces naturels et les naturalistes, sont confiées pour analyse à la Vulture Conservation Foundation, en Suisse. Les résultats sont centralisés dans la banque de données génétiques créée en 1998. Une plume analysée est ensuite comparée avec les résultats de la banque de données.

Cette technique permet de ré-identifier l’oiseau s'il a déjà été enregistré, donc de contrôler sa survie, de trouver la filiation de certains oiseaux, de détecter des changements de partenaires au sein d’un couple mais aussi de détecter des changements d’individus entre populations alpines et autres.

Afin de répertorier rapidement le génotype du gypaèton Pirou né cette année à Rosuel (Peisey-Nancroix) – on connaîtra aussi son sexe - et obtenir des informations sur l'origine et les déplacements de ses parents, un prélèvement de matériel génétique a été réalisé pour la première fois au nid, en septembre dernier.

Cette opération exceptionnelle en Savoie, dans le Parc national de la Vanoise, a été autorisée par arrêté ministériel jusqu'au 30 septembre. Le nid est alors déserté, le jeune a pris son envol et les adultes ne fréquentent plus l'aire jusqu'à la prochaine saison de reproduction.

Réalisée avec le Parc national de la Vanoise, l'opération a été conduite par Asters, conservatoire d'espaces naturels de Haute-Savoie. Une équipe de trois spécialistes est intervenue : le technicien faune d'Asters et deux alpinistes et cordistes aguerris.

Des prélèvements ont été effectués dans la couche de laine récupérée par les gypaètes sur des cadavres d'ovins. Ont aussi été récoltées des plumes et des pousses de plumes perdues par le gypaèton à sa mue. L'analyse d'excréments permettra par ailleurs de déceler l'éventuelle présence de plomb, cause de saturnisme et facteur de mortalité du gypaète barbu.

Les résultats seront connus en janvier 2017.