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Un nouveau protocole pour mieux connaître l’aire de répartition hivernale du lièvre variable

Faune

Lièvre variable, où es-tu ?

Grâce à un nouveau protocole scientifique basé sur l’analyse génétique des crottes de lièvres, le Parc national de la Vanoise va pouvoir mieux comprendre l’impact du changement climatique sur les aires de répartition hivernale du lièvre variable, Lepus timidus et du lièvre d’Europe, Lepus europaeus, et les interactions entre ces deux espèces.

Espèce dite arctico-alpine*, le lièvre variable (Lepus timidus) vit dans les Alpes en populations isolées, en moyenne et haute altitude. Son aire de répartition devrait encore se réduire avec l’élévation des températures. Les populations de basse à moyenne altitude pourraient ainsi disparaître dans les prochaines décennies.

Son cousin, le lièvre européen (Lepus europaeus) pourrait quant à lui profiter de l’augmentation des températures pour étendre son habitat plus haut en altitude, entraînant des phénomènes de compétition ou d’hybridation (ils peuvent se reproduire entre eux) avec le lièvre variable.

Dans les Alpes, les deux espèces occupent habituellement des aires de répartition différentes et ne coexistent historiquement que dans une bande altitudinale étroite comprise entre 1300 et 2000 m d’altitude (dite « zone de contact »).

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* espèces adaptées au froid qui ont colonisé les Alpes après la dernière grande glaciation, il y a environ 10 000 ans. Elles se trouvent aujourd’hui menacées dans leur ultime refuge et complètement isolées de l’aire de répartition principale de l’espèce. Dans le cas du lièvre variable, son habitat principal est actuellement réparti entre la Russie, les forêts de l'Est de la Pologne, une grande partie de la Biélorussie, de la Fennoscandie, des pays baltes notamment.

 

Une forte vulnérabilité au changement climatique

Les espèces arctico-alpines sont très vulnérables au réchauffement climatique. Pourquoi ? D’une part le réchauffement est potentiellement plus rapide sur les altitudes élevées, d’autre part les espèces arctico-alpines ayant développé des adaptations fortes aux environnements froids, leur capacité d’adaptation au réchauffement peut être trop lente face à la rapidité des changements. Et le réchauffement risque aussi de modifier la disponibilité de l'habitat.

Face à ce constat, afin de mieux comprendre la répartition actuelle de ces deux espèces et leur évolution sur leur zone de contact, un protocole de suivi à moyen et long terme, harmonisé sur la plupart des aires protégées françaises alpines, a été mis en place.

 

Un nouveau protocole mutualisé pour mieux suivre l’espèce

L’élaboration de ce protocole s’inscrit dans une coopération entre l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) de Montpellier. Ce partenariat offre un appui méthodologique et statistique aux parcs nationaux et autres espaces protégés.

Le protocole a été expérimenté dans le Parc national du Mercantour l’hiver 2020 puis déployé dans d’autres espaces naturels en hiver 2022. Dans le Parc national de la Vanoise, 20 mailles carrées de 2 km de côté ont été tirées au sort dans la zone de coexistence des deux espèces. Sur chacune de ces mailles, les équipes du Parc ont collecté des crottes de lièvre.

La génétique, un nouvel outil au service de la connaissance

Le lièvre variable est difficile à observer en raison de son mimétisme, de son comportement nocturne et discret. De plus, il vit dans des habitats de haute montagne dont l’étude est délicate compte-tenu des conditions climatiques et d’accès. Le développement des techniques génétiques (ADN environnemental) permet aujourd'hui l'identification des espèces à partir de crottes récoltées sur le terrain et vient faciliter leur détection.

Les échantillons récoltés par les agents du Parc ont été transmis au laboratoire d’analyses génétiques pour identifier les espèces. Les résultats permettront :

  • de fournir une vision plus précise de la répartition actuelle des deux espèces de lièvres
  • de mettre en évidence des hybridations éventuelles
  • de mesurer et anticiper les effets des changements climatiques sur la distribution des deux espèces à long terme.

Rendez-vous début 2023 pour en savoir plus !

Un financement européen avec le programme POIA

Cette étude est pilotée par le Parc national du Mercantour, dans le cadre du programme européen POIA (Programme opérationnel interrégional du massif des Alpes) « Espèces arctico-alpines ».

Objectif : mieux comprendre la répartition et le devenir du lièvre variable et du lagopède alpin, espèces particulièrement vulnérables, en tenant compte de l’évolution climatique et des pratiques touristiques et pastorales.

Plus d’infos ici : (https://www.mercantour-parcnational.fr/fr/des-actions/connaitre-et-proteger/projet-poia-especes-arctico-alpines-2020-2022).