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Le lac de l’Arpont aujourd’hui déconnecté du glacier

Milieu naturel
La campagne de mesures 2019 sur les lacs sentinelles du Parc national de la Vanoise s'est déroulée durant la première quinzaine de septembre. Les conditions se sont avérées optimales, avec une météo très favorable sauf pour l’Arpont où le froid sévissait, accompagné d’averses de neige lors des mesures.
L’ensemble des mesures effectuées donne des résultats intéressants pour la compréhension du fonctionnement des lacs suivis. Mais cette année elles ont plus particulièrement mis en évidence un changement radical pour l’ancien lac glaciaire de l’Arpont (2 670 m d’altitude) qui est devenu un lac dit « noir ».

 

Un nouveau dispositif dans la campagne de mesures

Pour la première fois, un capteur a permis de mesurer en continu, depuis septembre 2018, la concentration en oxygène au fond des lacs. Ce paramètre conditionne en effet de nombreux processus physiques, chimiques et biologiques. Les données récoltées permettent de mieux connaître l'activité biologique potentielle - la vie dépendant beaucoup de la présence d’oxygène - ainsi que les dates de brassage des eaux du lac (inversion des eaux de surface et de fond).

Les protocoles habituels ont également été mis en œuvre avec la mesure ponctuelle de la transparence de l’eau et de différents facteurs physico-chimiques à l'aide d'une sonde multi-paramètres.

 
Enseignements

Plusieurs premiers enseignements peuvent déjà être tirés de toutes ces mesures, par simple comparaison avec les années précédentes :

Des eaux de surface à des températures élevées

La température de surface maximale est revenue à des niveaux élevés (entre 13 et 16°C), comparables à celles des années chaudes antérieures.

Changement majeur pour le lac de l’Arpont, conséquence du changement climatique

Le lac glaciaire de l'Arpont qui était jusqu’à présent très atypique puisque sa température ne dépassait pas 5°C en été, en lien avec son alimentation en eau en provenance du glacier de l'Arpont tout proche, vient de connaître un changement radical, puisque ses eaux sont devenues transparentes et la température de surface a évoluée cet été comme les autres lacs suivis pour atteindre 12°C.

Pour la première année, le lac ne semble donc plus alimenté directement par les eaux de fonte du glacier, ce qui laisse présager une évolution vers des caractéristiques de lac dit « noir » (alimenté par des sources et non par des eaux glaciaires). Il rejoint donc la situation du lac blanc du Carro qui a connu cette déconnexion il y a 3 ans suite à la quasi-disparition du glacier de Derrière-les-lacs et la formation de plusieurs lacs dans les moraines supérieures qui jouent un rôle de filtre de l’eau.

Pas d’oxygène dans les lacs « noirs » durant l’hiver

Les nouveaux capteurs d’oxygène dissous implantés l’année dernière au fond de 4 lacs « sentinelles » montrent que les fonds des lacs noirs (Merlet supérieur, Mont Coua, noir du Carro) se désoxygènent complètement durant l’hiver. Le brassage des eaux en fin de printemps lorsque la glace a fondu permet à la masse d’eau de se réoxygéner, mais de manière partielle pour le Lac Merlet supérieur. 

 

Prochain rendez-vous, la journée du réseau Lacs-sentinelles organisée par Asters, Conservatoire d'espaces naturels de Haute Savoie, à Grenoble, le 12 novembre 2019.