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Le glacier suspendu de la face nord de la Grande Casse sous haute surveillance

Milieu naturel
Sur la face nord de la Grande Casse, sommet le plus élevé du Parc national de la Vanoise et du département de la Savoie (3.855 m), est un glacier accroché à la paroi, un glacier dit "suspendu", semblant ignorer la loi de la gravitation universelle. Et pourtant...

 

Début juin 2020 un guide de haute montagne prévient la Mairie de Champagny de l'élargissement important d'une crevasse au niveau du glacier suspendu de la Grande Casse, en face nord.
Le service de Restauration des terrains en montagne (RTM) est alors sollicité par la Préfecture de la Savoie pour émettre un avis sur les risques associés à une rupture d’une partie importante du glacier. Il en a conclu qu'en cas de rupture du glacier sous cette crevasse, une avalanche de neige et de glace pourrait se "déposer" sur deux plateaux en contrebas et ne devrait pas avoir de conséquences sur le Doron de Champagny.
Cependant, le volume concerné (500.000 m3 quand même !) représente un risque majeur pour les usagers de la haute montagne.
Un second avis a été demandé et le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) a survolé la zone le 22 juin au plus près du glacier et ses crevasses, avec le RTM et des glaciologues de Grenoble, afin d’évaluer les zones de ruptures potentielles.
Suite à ces deux expertises un avis de vigilance a été émis par la Préfecture.
 
Entre juin et juillet, 3 chutes de séracs ont été observées. Leur volume n’est pas exceptionnel, c’est dans la vie normale des glaciers de perdre des blocs de glace, à leur front, par gravité.
Mais ici, le risque reste réel de voir s'effondrer la moitié de ce glacier d'un coup (le demi-million de mètres cubes évoqué plus haut).
 
Parallèlement à cette problématique de sécurité, l’INRAe (Unité ETNA, Grenoble) a effectué un survol pour recueillir des photos aériennes et mesurer la géométrie du glacier par lidar le 20 juillet (voir orthophoto ci-dessus), cette fois-ci avec un objectif de recherche scientifique et d’étude de la propagation d’une avalanche de glace d’une telle ampleur. Ils solliciteront une nouvelle autorisation de survol ultérieurement pour procéder à de nouvelles acquisitions photos et lidar après la chute éventuelle d’une partie du glacier.
Ces avalanches de glace se propagent très différemment de celles de neige et sont beaucoup moins connues, entrainant des volumes et des masses nettement plus importantes que dans le cas d'avalanches du manteau neigeux.
 

Extrait de la demande d'autorisation de survol déposé par l'INRAe auprès de la direction du Parc début juillet :
"L’instabilité actuelle de la partie inférieure du glacier suspendu de la face nord et l’objet de nos recherches nous conduisent à entreprendre des travaux de modélisation pour connaître quelle serait l’extension de l’avalanche de glace qui pourrait résulter de la rupture d’une grande partie du glacier. Pour ceci, nous devons préalablement connaître la géométrie du glacier suspendu et celle de la zone d’écoulement et donc réaliser un levé par laserscan héliporté. [...] En cas de rupture du glacier et de déclenchement d’une avalanche de glace, nous serons certainement amenés à reconduire un nouveau levé pour déterminer la géométrie de la rupture et celle du dépôt de l’avalanche. Auquel cas, nous reformulerons une nouvelle demande."

Une affaire à suivre…